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Janv. 2015

Privatisation des autoroutes ? Une très mauvaise réponse à une question urgente

 

 

Saturation des réseaux, projets en berne… et voilà qu’une idée réapparaît : « et si on privatisait les autoroutes suisses ? ».

 

Décidemment, certains ont l’art des fausses bonnes idées ou celui de réinventer l’eau tiède.

 

La première question fondamentale qu’on doit se poser est la suivante : si le réseau autoroutier était confié à une entreprise privée, sa gestion serait-elle plus performante et donc à l’avantage de l’utilisateur ? La réponse est clairement non. Premièrement, une entreprise privée est là pour faire du bénéfice, sinon elle ne sert à rien ; elle lime donc fatalement sur la qualité d’entretien et cherche à optimiser ses marges. Ensuite, penser qu’une structure privée est forcément plus efficiente qu’une structure étatique relève du mythe : toute entité dont la taille atteint une certaine envergure présente les mêmes dérives endémiques : superposition de postes parasitaires au détriment des spécialistes de terrain qui croulent sous le travail, création de doublons hiérarchiques qui entravent l’efficacité de l’entreprise, augmentation boulimique des rapports de contrôle qualitatifs qui asphyxient le personnel, etc, etc. Par des coups de balais cycliques, on y remédie plus ou moins bien (mais plutôt moins bien), dans le secteur privé lorsque les marges nettes tendent à baisser et dans le secteur public lorsqu’on constate que les budgets alloués augment de manière exponentielle. Bref, dans un cas comme dans l’autre, il n’y a pas de solution miracle.

 

Par ailleurs, un réseau d’autoroutes privé implique des péages à chaque sortie qui d’une part occasionnent des frais de gestion extrêmement importants au détriment des utilisateurs et, d’autre part, des entraves à la fluidité de trafic qui en termes d’heures perdues pour l’activité économique se chiffrent à des pertes annuelles de plusieurs milliards. Soit, on peut substituer à cette manière de faire archaïque un réseau de détection automobile qu’on couple à un système de calcul automatique de facturation ; c’est moins cher, mais ça reste lourd et le prix s’en trouve forcément répercuté sur l’utilisateur.

 

Enfin, l’évolution d’un réseau autoroutier ne doit pas seulement répondre aux besoins évidents de régions économiques d’ores et déjà développées dont on sait qu’on va tirer les fruits. Cette évolution doit également répondre à de véritables visions à long terme et le rôle du politique a ici toute son importance.

 

Et qu’on ne me dise pas qu’on peut envisager des exceptions pour l’un ou l’autre ouvrage qui serait particulièrement onéreux. Tout cela n’est qu’une question de courage politique et de vision à long terme pour notre place économique. Nous avons les moyens, et nous les avons d’autant plus qu’il ne s’agit pas de dépenses mais d’investissements. Certains ne comprennent pas cette nuance pourtant fondamentale.

 

Tronçons d’autoroutes saturés, bouchons et ralentissements quotidiens : une situation qui s’aggrave chaque année et qui entraîne plusieurs milliards de pertes en termes d’heures perdues, de même qu’une diminution lente et non moins perverse de l’attractivité de la place économique helvétique. Les débats larmoyants et les polémiques idéologiques n’ont plus leur place ; il faut rattraper le temps perdu, et vite.

 

 

 

Janv. 2015

Abandon du taux plancher face à l'Euro : une mesure brutale, mal calculée et au mauvais moment

 

On le savait : le maintien du taux plancher à 1.20 n’était pas soutenable à long terme ; soit. Mais ce largage brutal de la BNS relève presque de l’inconscience… ou de l’incompétence : au choix.

 

Premièrement, on savait le moment particulièrement dangereux dans une phase cyclique à très forte pression sur le franc suisse. Par ailleurs, l’industrie d’exportation et le tourisme ne pouvaient bénéficier d’aucune période transitoire d’adaptation.

 

Soyons clairs : les dirigeants de la BNS se sont complètement fourvoyés quant à leur prévision à la baisse de l’Euro. Une baisse, disiez-vous ? Ca ressemble plus à une descente aux enfers.

 

J’adresse tous mes vœux de courage et de ténacité à nos dirigeants d’entreprises et à nos acteurs du tourisme suisse. Tenez bon, adaptez-vous et relevez le défi. La Suisse est une équipe qui gagne !

 

Bien à vous.

 

 

 

 

Extrait de "Philosophie et lucidité",

par Marc-André Del Pedro

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